LA RELATION DE MAITRE A DISCIPLE.
Le Bouddha adressa publiquement des éloges à Ananda devant l’assemblée des moines à Jetavana, le déclarant premier dans les domaines de l’érudition, du comportement, de la mémoire, de la détermination et de l’attention. Peu avant le parinirvâna il ajoutera qu’Ananda choisissait toujours le bon moment pour lui amener les visiteurs, et qu’il méritait bien son nom, sachant rendre heureux tous ceux qui venaient le trouver.
Lorsqu’il commença à distinguer dans l’aspect physique de son maître des signes de sa fin proche, Ananda lui fit part de son inquiétude. Le Bouddha aurait alors répliqué qu’il lui avait signalé un jour, par allusion, qu’il pourrait à sa requête vivre un kalpa entier, mais qu'il avait manqué d’intuition et laissé passer l’occasion. Il était bien sûr près du Bouddha à sa mort et se chargea d’organiser les funérailles.
Maitre qu’allons nous devenir après votre départ ? ANANDA : « sois à toi-même ton propre refuge. »
Depuis l’école maternelle jusqu’à l’aboutissement de nos études, nous avons étudié auprès de nombreux enseignants. Sans eux, comment aurions-nous appris à lire, à écrire ou à calculer ? En dehors de l’école, le mot « maître » désigne aussi celui qui nous montre comment faire. Si nous n’avons personne pour nous montrer comment nous y prendre, nous avons beaucoup de mal à réaliser quoi que ce soit.
Il en va de même pour le Bouddhisme. Le pratiquant débutant a grand besoin des conseils précieux d’un Maître. Selon les règles de la discipline monastique, les novices ne peuvent pas quitter leur maître. Même les bhikshus n’ont pas le droit de s’éloigner trop rapidement de lui, de peur que n’ayant pas encore la force suffisante, leur pratique ne dégénère, ou qu’ils ne s’égarent. C’est la raison pour laquelle la place du maître est si importante.
La deuxième raison est l’importance de l’influence du maître : si notre maître est bon, nous deviendrons bons, s’il est mauvais, nous deviendrons mauvais.
C’est pourquoi nous devons être particulièrement prudents dans le choix d’un maître digne de confiance. Le bon choix nous assurera des progrès rapides. Notre aspiration à la pratique risque de dégénérer et nous pourrons abandonner la Voie et éprouver haine et rancœur vis-à-vis de tous les maîtres à la suite d’un mauvais choix.
Comment faire ce bon choix ?
Avant tout, vous devez sincèrement aspirer à la Libération, à l’Eveil. Ensuite, priez les Bouddhas et les Bodhisattvas pour qu’ils nous permettent de trouver un maître parfaitement qualifié. Enfin, ne vous précipitez pas, ne choisissez pas à la hâte. Prenez le temps de faire sa connaissance, de vous renseigner, faites un examen critique.
D’après les « 50 Stances de Dévotion au Gourou » (Gurupancasika) d’Ashvaghosha, un maître qualifié doit posséder les 10 qualités suivantes :
1. Garder purs ses vœux et engagements,
2. Pratiquer la méditation et maîtriser la quiétude mentale,
3. Avoir la Sagesse et avoir dissipé toutes les illusions et les obstacles,
4. Avoir une connaissance supérieure à celle de son disciple dans le domaine enseigné,
5. Etre patient et avoir la joie d’enseigner,
6. Avoir une vaste connaissance des Textes,
7. Comprendre la vacuité en profondeur,
8. Savoir utiliser les moyens habiles appropriés en fonction des aptitudes et inclinations naturelles du disciple,
9. Avoir une grande compassion envers le disciple,
10. Instruire les disciples sans se lasser, sans discrimination de leurs niveaux d’intelligence ou de leur rang social.
11. J’ajouterai, être un bouddhistes du 21ème siècle.
Si vous avez la chance, grâce à l’accumulation de vos mérites antérieurs, d’avoir rencontré un tel maître, empressez-vous de lui exprimer votre dévotion et demandez-lui de vous accepter comme disciple par la pratique quotidienne du dharma, votre engagement et le partage pour l’enrichissement et le soutien altruiste de la noble sangha (notre petite sangha).
Si vous considérez votre maître comme un être ordinaire, ses enseignements resteront du niveau de l’ordinaire et vous n’obtiendrez qu’un résultat médiocre. Si vous le considérez comme un Bodhisattva, vous recevrez l’enseignement d’un Bodhisattva et si vous le suivez, vous deviendrez vous-même un Bodhisattva. Enfin, si vous considérez votre maître comme un Bouddha, son enseignement sera celui d’un Bouddha et vous deviendrez un Bouddha en suivant ses instructions.
Si vous n’avez pas encore trouvé votre gourou, priez avec sincérité, récitez les soutras, repentez-vous de vos mauvaises actions passées et continuez de chercher. Comme le dit un proverbe tibétain : « Lorsque le disciple est ’mûr’, le maître apparait ».
De nos jours, nous sommes pour la plupart indifférents vis-à-vis de la relation Maître-disciple. Les hommes vont rarement au temple, et s’ils s’y rendent, c’est souvent avec une attitude orgueilleuse : il est rare qu’ils consentent à rendre hommage avec humilité ou à s’abaisser pour demander respectueusement au précieux maître qu’il leur enseigne le Dharma.
Les femmes, au contraire, se rendent fréquemment au temple, mais elles sont souvent en proie au désir, à l’attachement et à la jalousie. Soit elles servent les maîtres en vue d’accumuler des mérites, soit elles viennent leur confier des propos futiles, et ce n’est que rarement qu’elles souhaitent vraiment s’enquérir du Dharma.Tous devront dès lors attendre bien longtemps avant de trouver leur maître ou ami spirituel.
Plongés dans l’ignorance et la stupidité depuis la nuit des temps, comment pourrez-vous atteindre la Libération sans rencontrer un maître qualifié pour vous guider ?
Si cela nous satisfait, épanouissons nous dans cette pratique infinie de sagesse, tradition vivante qui nous conduit de manière ultime après de nombreuses années de pratique et de méditation à réaliser que le dharma existe uniquement dans notre esprit et que cet esprit n’a pas de réalité propre. L’esprit humain est apte à comprendre le sens absolu de toutes ces valeurs et pratiques spirituelles qui sont du domaine de l’esprit éveillé de la connaissance supérieure qu’on appelle encore discernement parfait.
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